Nombreux sont les sexologues qui s’accorderont pour dire que l’éjaculation précoce est un des troubles sexuels le plus souvent rencontré en consultation. Elle touche bon nombre d’hommes et affecte, souvent douloureusement, la vie conjugale de millions de personnes. A notre connaissance, il n’existe pas de statistiques précises pour la Belgique, mais il semblerait qu’un homme sur trois en moyenne connaît, à un moment ou un autre, un trouble de l’éjaculation.
Les statistiques sont à considérer avec prudence d’autant qu’il est bien difficile d’avoir une notion précise du temps durant l’acte lui-même. A cela s’ajoutent des variables dans la définition du terme selon les époques, les valeurs culturelles, les auteurs, les individus. Il n’existe donc pas d’estimation précise de la prévalence de l’éjaculation précoce et aucune recherche n’a réussi à établir l’incidence exacte du problème.
Tout ce que l’on peut dire, c’est que la majorité des études qui existent démontrent que 15% à 30% des hommes souffrent d’éjaculation précoce.

“Ejaculatio praecox”

L’expression provient du latin “ejaculatio praecox“. Praecox signifie en bas latin “qui mûrit avant le temps“.
Sur le plan historique, en Occident, il est intéressant de constater qu’on trouve peu de littérature sur le sujet avant le XXe siècle.

Le monde médical ne se préoccupait que des cas où la pénétration était impossible et donc un obstacle à la reproduction. Ce n’est que depuis quelques décennies que l’éjaculation précoce est vue comme une entrave à l’épanouissement sexuel. Les deux guerres mondiales, la pilule, la pénicilline, l’avancée de la psychanalyse, l’industrie cinématographique, la prospérité économique, le travail des femmes, l’importance grandissante accordée à la qualité de la relation, … autant de facteurs qui ont bouleversé les mœurs et entraîné une ouverture d’esprit. Le fait de pouvoir connaître plusieurs partenaires au cours d’une vie a permis aux femmes de faire quelques comparaisons: les moins rapides montrant qu’il était possible d’améliorer sa sexualité!
Ajoutons également que si l’éjaculation précoce a existé en divers lieux et à différentes époques de l’histoire, elle n’a pas pour autant toujours été un problème. Au sein de multiples cultures, l’éjaculation précoce n’existe ni en tant que problème, ni même en tant que concept. L’éjaculation précoce ne se présente en tant que problématique que dans la mesure où le milieu culturel dans lequel vit l’individu valorise un coït qui dure longtemps.
Les définitions de l’éjaculation précoce sont tellement nombreuses que nous ne pourrons pas en faire une liste exhaustive. Néanmoins, certains critères récurrents peuvent être retenus.

En fonction du nombre de poussées pelviennes

Le critère retenu ici est le nombre de mouvements de va et vient du pénis à l’intérieur du vagin avant l’éjaculation. Seul point de divergence, la variabilité de seuil selon les auteurs: pour certains sera éjaculateur précoce celui qui éjaculera après 15 mouvements; pour d’autres, ce sera après 8 mouvements. Cette définition semble quelque peu arbitraire et ne tient pas compte des différents facteurs comme la vitesse, l’intensité, la profondeur du mouvement.

Selon la durée

Ici, ce n’est pas le nombre de mouvements mais bien le temps de pénétration qui compte.
Une fois encore, le seuil est variable selon les auteurs et peut aller de 5 secondes à 10 minutes.
Le côté arbitraire du critère de durée se retrouve également ici. De plus, pour un même temps, certains effectueront plus de mouvements que d’autres et peuvent dès lors satisfaire leur partenaire. N’est pas pris en considération le vécu du sujet; il y a des hommes qui peuvent tenir plus longtemps mais qui doivent être hyper vigilants à une série de facteurs. Le prix en est alors un effort et une attention immense qui ôtent une partie du plaisir.

En fonction de la partenaire

Masters et Johnson (1970) définissent l’éjaculation précoce en fonction de la partenaire: ainsi un homme est diagnostiqué éjaculateur précoce s’il parvient à l’orgasme avant la partenaire dans plus de 50% du temps!
Une fois encore, on retrouve ici un côté arbitraire: pourquoi 50% du temps?
Autre problème de la définition, de nombreuses femmes peuvent ne jamais connaître d’orgasme par pénétration; d’autres ont besoin de stimulation clitoridienne avant, pendant, voire même après la pénétration. Il nous semble par ailleurs un peu lacunaire de définir une dysfonction sexuelle à partir de la réaction sexuelle d’une autre personne!

En fonction du contrôle sur le réflexe éjaculatoire

Ici, l’éjaculation précoce est reliée à l’absence de contrôle sur le réflexe éjaculatoire, quels que soient le nombre de mouvements et/ou la durée, que la partenaire ait atteint l’orgasme ou non. La difficulté se pose lorsque l’éjaculation se situe hors du contrôle de la volonté de l’homme. Cette optique de Kaplan (1974, 1989) se recentre sur la capacité de l’homme à se contrôler plutôt que sur des critères extérieurs.
Le problème serait que l’éjaculation est un processus fondamentalement réflexe et échappant au contrôle de la volonté! L’homme peut avoir de la maîtrise sur son excitation mais en aucun cas sur son éjaculation une fois le point de non-retour atteint.

En fonction des critères subjectifs du couple

Ici, c’est l’appréciation subjective du couple qui est prise en compte. Les critères peuvent alors être: la durée du problème, la synchronisation de l’éjaculation avec l’orgasme de la femme, le niveau d’insatisfaction vécu par la dyade conjugale. Dans ce cadre, l’éjaculation précoce peut être vue comme un problème si un des deux partenaires demeure insatisfait de façon constante. Certaines femmes peuvent apprécier que le rapport se termine rapidement; d’autres sont plus intéressées par les caresses clitoridiennes. Pour ces couples où la rapidité n’est pas un problème, on ne pourrait dès lors pas parler d’éjaculation précoce.

En fonction de critères biologiques

L’idée qui veut que le mâle répondant rapidement dans un rapport sexuel soit névrotique ou pathologique est dans la plupart des cas non justifiée scientifiquement” (Kinsey et al., 1948)

Le sociologue Lauwrence K. Hong (1984) fit, comme Kinsey, quelques renvois au monde animal pour justifier l’origine de l’éjaculation précoce.
Il établit un lien entre l’évolution de l’espèce et le coït expéditif. Le sociologue, après avoir observé de nombreuses espèces de singe, part du principe que l’homo sapiens, notre ancêtre, devait éjaculer plus rapidement que d’autres. Cette rapidité leur permettait de moins déranger les femelles et les autres mâles avec qui ils étaient en compétition. En somme, il y avait moins de risques de se faire tabasser: ils s’approchaient, montaient les femelles, éjaculaient dès l’intromission et s’enfuyaient comme des voleurs!
Cette rapidité de l’acte leur permettait également de s’accoupler avec un plus grand nombre de femelles. Hong (1984) s’étonnera alors qu’un atout préhistorique soit devenu une dysfonction. Waynberg (1984) démontre également que tous les grands mammifères, y compris les primates, éjaculent directement après l’intromission. Le problème viendrait alors du fait que l’évolution a voulu dissocier plaisir sexuel et reproduction.

Comment expliquer dès lors qu’un travail thérapeutique puisse amener les hommes à retarder leur éjaculation?
Fait qui laisse supposer que l’excitation peut être prolongée par apprentissage.
Devons-nous encore parler d’un trait de supériorité biologique ou d’une réponse non éduquée?

Définition symptomatologique (DSM IV)

Ici, la caractéristique principale de l’éjaculation précoce est l’apparition persistante et récurrente de l’orgasme et de l’éjaculation avec une stimulation sexuelle minimale avant ou juste après la pénétration, et avant que la personne ne le souhaite (critère A). Le clinicien doit prendre en considération les facteurs qui affectent la durée de la phase excitatoire, tels que l’âge, la nouveauté de la partenaire sexuelle ou de la situation et la fréquence de l’activité sexuelle. La majorité des hommes ayant cette problématique peuvent retarder la venue de l’orgasme pendant l’auto-masturbatoire et ce pour une durée beaucoup plus longue que pendant le coït. L’estimation par les partenaires de la durée des activités sexuelles du début jusqu’à l’éjaculation peut être fort variable. Ce trouble peut provoquer une certaine détresse ou des difficultés interpersonnelles (critère B). L’éjaculation précoce n’est pas due exclusivement aux effets directs d’une substance (critère C).

Plus loin, le DSM IV introduit des sous-types d’éjaculation précoce :

  • L’éjaculation précoce peut être primaire (lifelong type) ou secondaire (acquired type). Elle est primaire si elle se manifeste dès le premier coït; elle est secondaire si elle survient après une période correcte de fonctionnement.
  • Elle peut aussi être chronique (geralised), intermittente (intermittent) ou situationnelle (situational), c’est-à-dire avec toutes les partenaires, ou avec certaines et pas d’autres, avec une nouvelle et pas avec une ancienne, ou à certains moments avec le même partenaire.
  • Des facteurs étiologiques sont également pris en compte: éjaculation précoce due à des problèmes interpersonnels (due to psychological factors); éjaculation précoce due à une combinaison de facteurs (due to combinal factors).

L’avantage sans conteste de cette définition, c’est qu’elle est assez complète. L’homme éjacule avant qu’il le souhaite et pas mal de facteurs sont pris en considération: âge, nouveauté de la relation ou de la situation, fréquence des rapports, détresse psychologique qui en découle. En ce qui nous concerne, c’est la définition sur laquelle nous nous basons actuellement.

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Florence,
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