Dans cet article, nous allons aborder ce qui peut générer soit une éjaculation précoce, soit un problème d’érection chez l’homme. Pour plus de facilité, je préciserai au mieux s’il s’agit de l’un ou de l’autre (voir les mots écrits en bleu)

Comme nous le savons, tout trouble sexuel est un phénomène complexe où différents facteurs peuvent agir en interaction.

Passons d’abord en revue différentes étiologies organiques possibles.

1. Aspects organiques

Voici différents facteurs qui peuvent influencer la qualité de l’érection :

  • Les maladies neurologiques: paralysie, sclérose en plaques, altération de la moelle épinière, épilepsie, etc. Autant d’affections qui touchent les nerfs et altèrent la sensibilité des organes génitaux.
  • Le diabète sucré peut provoquer des troubles de l’érection dans 30 à 60% des cas. Quant à l’éjaculation précoce, elle pourrait découler de complications chroniques du diabète consistant en lésion des artères et des nerfs.
  • Le stress chronique entraîne des sécrétions excessives d’adrénaline et de noradrénaline. Celles-ci atteignent rapidement le pénis et inversent le processus d’érection.
  • Plusieurs médicaments, de par leurs effets pharmacologiques, peuvent interférer avec le processus de l’éjaculation soit ils retardent l’éjaculation, soit ils l’accélèrent! Le dosage peut aussi faire en sorte que l’éjaculation soit retardée ou accélérée. Certains excitants ou toxiques ont aussi des conséquences sur l’éjaculation. Certaines drogues (cocaïne, amphétamines…) agissent aussi de façon néfaste sur notre sexualité.
  • L’abus d’alcool provoque une décharge désordonnée des messages biochimiques et électriques des cellules nerveuses pouvant ainsi perturber la sexualité.
  • Enfin, le tabac est un des poisons qui peut paralyser les nerfs délicats, bloquer la circulation tout en hâtant la sortie du sang par les veines béantes et ainsi générer des troubles érectiles.

Citons également: un frein trop court, l’incidence de certains traumatismes crâniens, l’arthrite, les maladies cardiaques, les tumeurs et autres maladies qui atteignent le système des hormones sexuelles.

A cela s’ajoute certains troubles du métabolisme des graisses, les maladies malignes du sang, les troubles circulatoires de la région génitale, inflammation de l’urètre, l’hyponutrition, etc.
Plusieurs de ces problèmes, s’ils sont clairement identifiés et dépistés à temps, peuvent être traités ou soulagés avec succès et ce par un traitement de type médical.

2. Aspects psychologiques

L’expérience clinique nous montre que, le plus souvent, l’origine de l’éjaculation précoce est psychologique.
Tout comme Freud (1905), nombreux sont les psychologues d’orientation psychanalytique qui aujourd’hui encore estiment que l’éjaculation précoce n’est qu’un symptôme indiquant un malaise psychologique plus global. A l’inverse, de nombreux thérapeutes pensent que l’éjaculation précoce est un phénomène qui peut être indépendant de toute autre problématique névrotique, perverse et conjugale.
Voyons les hypothèses psychologiques possibles !

2.1. Hypothèses liées à l’enfance (DE/EP)

  • Manque d’affection et de contacts maternels dans la prime enfance.
  • Environnement familial perturbé.
  • Facteurs éducatifs: messages sexuels reçus pendant l’enfance entraînant honte et culpabilité envers le plaisir sexuel; punition sévère en relation avec la masturbation (les enfants en viennent à se sentir coupables d’être excités et en arrivent à croire qu’ils sont mauvais s’ils aiment la sexualité).
  • Facteurs religieux: sexe comme pêché impardonnable; plaisir sexuel répugnant et dangereux.
  • La peur de la castration.
  • Les garçons victimes d’abus sexuels pourraient être davantage sujets à l’éjaculation précoce ou aux problèmes érectiles.
  • A mi-chemin entre enfance et âge adulte, on peut retrouver des troubles reliés à l’apprentissage: premières expériences avec des prostituées devant se passer très vite; adolescents ayant peur d’être surpris (sexualité dans la voiture); peur de mettre sa copine enceinte; peur de certaines maladies; comportements autoérotiques et habitudes masturbatoires devant se faire rapidement car réalisés avec anxiété et culpabilité.

2.2. Hypothèses d’ordre individuel et conflits intrapsychiques (DE/EP)

  • Aspect symbolique traduisant de façon imagée quelque chose de plus large. Pour l’éjaculation précoce, cela pourrait être une peur de l’engagement, “un retrait au dernier moment”. Pour l’érection, cela pourrait être une mise en image d’un sentiment d’impuissance plus général (par exemple suite à une faillite professionnelle mal vécue).
  • Agressivité mal gérée voire refoulée; hostilité envers les femmes en général ou la partenaire en particulier. Rancœur que la personne sait intellectuellement mettre de côté mais qui se remet inconsciemment sur la sexualité (un peu comme un cadeau que je ne veux pas offrir à l’autre).
  • Peur des femmes : peur de l’intimité ou assimilation de la partenaire à la mère ce qui confère à la relation sexuelle un relent incestueux.
  • Cercle vicieux lié à l’angoisse (anticipation de l’échec): on sait combien les personnes souffrant d’éjaculation précoce peuvent, de par leurs difficultés, devenir anxieux à l’approche de toute relation sexuelle. L’anxiété, à ce titre, pourrait être au minimum un facteur renforçant l’éjaculation précoce ou les troubles érectiles. Par ailleurs, il est maintenant connu que le stress et l’anxiété activent notre système nerveux sympathique ce qui va entraîner entre autres des sécrétions d’adrénaline. L’éjaculation étant elle-même régie par le système sympathique, on devine aisément une influence de l’anxiété sur celle-ci.
  • Perceptions inadéquates des sensations péniennes: (EP) ainsi, l’individu ne percevrait pas, ou mal, les sensations précédant l’orgasme. Cette incapacité elle-même pouvant provenir de mécanismes de défense, d’inhibitions, d’une trop grande excitation, du fait que le sujet se concentre davantage sur la notion de performance, d’expériences sexuelles traumatisantes. D’autres expériences cependant tendent à démontrer que les personnes souffrant de ce trouble n’auraient pas plus de difficultés que d’autres à évaluer leurs sensations sexuelles préorgasmiques.
  • Concept du spectateur: le sujet prend une place de spectateur par rapport à lui-même pour évaluer sa performance, ce qui engendre de l’anxiété et la dysfonction. Au lieu d’être vraiment dans ses sensations, on est plutôt en train « d’observer » si tout se passe bien !
  • Pensées et croyances négatives: “je dois être à la hauteur sinon…”, “mon pénis est trop petit…” etc. Par “croyances”, nous entendons un ensemble d’images, d’affirmations mentales admises comme vraies, évidentes. Elles ont pour effet de colorer la réalité. Les pensées sexuelles présentes tout au long de notre vie vont ainsi soit agir positivement et augmenter le plaisir; soit agir négativement et entraîner une frustration et donc amoindrir la qualité du rapport.
  • Fréquence des relations sexuelles: on peut sans nul doute faire une corrélation entre de grandes périodes d’abstinence et des troubles d’éjaculation précoce, l’idée étant qu’après une longue période d’abstinence, l’individu est confronté à une excitation sexuelle et à des émotions beaucoup plus fortes.

Remarque: Il nous semble important de distinguer les facteurs qui peuvent favoriser l’apparition du symptôme et ceux qui contribuent à le maintenir.
Au niveau des facteurs d’apparition, nous aurions plutôt: l’inexpérience, l’ignorance, les tabous et les inhibitions, culpabilité, une première expérience traumatisante, des difficultés relationnelles, une agressivité refoulée,…
Quant aux facteurs de maintien, nous pourrions trouver: l’anxiété, l’inquiétude, les cognitions négatives, les comportements répétitifs, l’évitement, …

2.3.   Hypothèses liées au relationnel

Cet aspect est important. En effet, la plupart des personnes souffrant d’éjaculation précoce se contrôlent mieux lors de la masturbation en solitaire. Une fois en relation avec l’autre, ils s’inquiètent et éjaculent plus rapidement (ils veulent tellement être à la hauteur qu’il en résulte une tension nerveuse non favorable à une longue excitation).
Sans compter que certains ont le problème avec certaines partenaires et pas avec d’autres (selon aussi qu’il s’agisse d’une femme plutôt exigeante ou rassurante).
Chez certains, l’éjaculation précoce survient justement avec les relations les plus importantes sur le plan affectif: plus la partenaire est précieuse, plus l’homme voudra lui plaire, plus il se mettra la pression et pire ce sera!
Le problème aura aussi tendance à s’accentuer si la femme vit la difficulté de son partenaire comme un affront, un rejet ou un manque de désir.
Les femmes prétendant que l’homme doit pouvoir attendre jusqu’à ce qu’elles aient l’orgasme par voie vaginale augmentent aussi la pression psychologique.

Citons également: (DE/EP)

  • la peur de perdre l’autre;
  • une culpabilité faisant suite à une relation extraconjugale;
  • un changement de l’image du corps de l’autre (grossesse…);
  • une crainte de grossesse ou au contraire de ne pas pouvoir mettre la partenaire enceinte;
  • des relations homosexuelles non avouées;
  • une culpabilité liée à certains fantasmes;
  • la crainte d’être dérangé par les enfants;
  • la maladie conjugale: le symptôme peut alors faire l’économie d’un conflit ouvert, être le reflet de sentiments d’hostilité. Luttes de pouvoir: priver la femme de sa jouissance; femme qui souhaite humilier son conjoint en le faisant jouir encore plus vite par certains mouvements!
  • La “protection” de la femme: la difficulté de l’homme sert alors à camoufler la problématique sexuelle de la femme. On observe d’ailleurs souvent des phénomènes de “sabotage” chez la partenaire lors du traitement de son compagnon. On observe aussi fréquemment l’apparition de difficultés sexuelles chez la femme une fois la situation résolue chez l’homme.

Pour rappel, dans une approche systémique, le maintien, le renforcement et l’aggravation de l’éjaculation précoce ou de la dysfonction érectile dépendent largement du système conjugal. Ce type d’hypothèse pourrait fort bien expliquer les cas de troubles qui se produisent avec certaines partenaires et pas avec d’autres. En revanche, elle n’offre pas d’explication satisfaisante pour les célibataires souffrant de ce trouble ou pour les individus ayant des difficultés en toutes circonstances, avec toutes les partenaires.

2.4.   Aspects sociologiques (DE/EP)

Sur ce point, citons:

  • normes culturelles ou religieuses ;
  • problème dans un autre domaine (faillite, échec professionnel…) ;
  • insécurité économique ;
  • stress de nos sociétés modernes ;
  • médias, romans, films laissant supposer une activité sexuelle apportant l’extase physique, psychologique voire même spirituelle; une sexualité parfaite et passionnée avec quelqu’un de parfait et passionné; des orgasmes multiples, des individus dotés d’une “super sexualité” et d’un pénis redoutable ;
  • d’autres messages véhiculent l’idée qu’une bonne relation se termine par des orgasmes mutuels et simultanés. On présente ainsi un modèle unique au lieu de laisser aux individus la liberté de vivre la rencontre. Peu étonnant dès lors que ceux qui cherchent à imiter ces modèles expriment de l’anxiété.

Conclusion

Ce relevé sommaire des hypothèses étiologiques souligne la grande variabilité des interprétations possibles. Sur un plan systémique, il appartiendra au thérapeute d’analyser soigneusement les thèmes conflictuels évidents ou masqués et d’explorer les réponses sexuelles de la femme qui pourraient alimenter le problème. Le symptôme a alors une fonction essentielle: elle catalyse les tensions de la dyade conjugale.
L’aspect organique ne doit pas pour autant être négligé.

Florence,
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